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ChatGPT, l’OVNI (Outil Virtuel Non Intelligent) de l’IA !
Par SylvAIn Montmory – Créé le 16 février 2025 – Temps de lecture par une IH : 10 min
Quand ChatGPT est apparu en novembre 2022, j’ai eu l’impression de voir un OVNI (Outil Virtuel Non Intelligent) atterrir sur mon écran. Personne — ou presque — ne l’avait vu arriver, mais en quelques mois, il s’est imposé comme l’un des outils numériques les plus fascinants et polarisants de ces dernières années. D’un côté, on trouve des millions d’utilisateurs accros, voire carrément fanatiques, hypnotisés par son « super-pouvoir » de l’intelligence. Ceux-là, je les appelle les “Iron Man”, tellement ils semblent croire que ChatGPT va résoudre tous leurs problèmes… et peut-être même sauver la planète pendant qu’on y est.
De l’autre côté, on a les “Astérix”, ces irréductibles sceptiques remplis de préjugés : « Ce truc n’est pas fiable », « C’est pas sécurisé », « Ça va nous piquer nos jobs ». Les mêmes reproches qu’on entendait déjà au lancement d’Internet ou des réseaux sociaux, comme une ritournelle de la résistance anti-tech.
Et au milieu, quelques “Centaures” — pro-tech, mais gardant un esprit critique — essaient d’analyser l’outil sans s’emballer. Faut-il y voir une révolution ? Et si l’on parle d’« intelligence », en existe-t-il vraiment chez ChatGPT ? Pour le côté « artificiel », ne nous leurrons pas, le débat est déjà plié.
ChatGPT : un véritable OVNI dans nos vies et nos entreprises
ChatGPT a fait exploser tous les compteurs : 100 millions d’utilisateurs en seulement deux mois. TikTok ? Rattrapé. Instagram ? Dépassé. Les Millennials et les Boomers étaient pour une fois sur la même « fréquence CPU » Des étudiants à la Gen Z aux profs, des développeurs aux marketeurs, tout le monde — ou presque (😉 aux enseignants les plus sceptiques) — s’est mis à tester ChatGPT. Fascination, crainte, curiosité, voire frisson : la machine a déclenché tout un panel d’émotions.
En réalité, ce succès éclair n’est pas sorti de nulle part. OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT, travaillait depuis plusieurs années sur des modèles baptisés « GPT ». Le premier modèle GPT avait fait un peu parler de lui en 2018, mais c’est la sortie de GPT-3, en 2020, qui a mis le feu aux poudres dans le petit monde de l’IA. ChatGPT, basé sur GPT-3.5, a ensuite profité d’une interface ultra-simple : on tape, on clique, et on obtient un texte cohérent dans n’importe quelle langue. Recette idéale pour conquérir la toile.
« Mais personne n’avait prédit un tel succès », affirment certains. Ah, vraiment ? Après coup, il y a toujours des « visionnaires » qui jurent qu’ils l’avaient deviné. La vérité, c’est que même des experts en IA ont été pris de court par cet OVNI :
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• Pour le grand public, ChatGPT a eu l’effet d’une mini-révolution : un chatbot capable de disserter sur tout et n’importe quoi (de la philosophie antique au dernier livre que personne n’a eu le temps de lire), sans broncher, et donnant l’illusion de tout savoir sur tout.
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• Pour les initiés à l’IA, il s’agit d’une évolution logique des LLM (Large Language Models). Avant, on connaissait surtout des IA prédictives, discrètement à l’œuvre sur nos smartphones, nos GPS ou nos réseaux sociaux, calibrées sur des micro-tâches pour nous conseiller et nous faciliter la vie.
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• L’exploit de ChatGPT, c’est d’avoir rendu l’intelligence artificielle accessible à tous, grâce à une interface « à la Google », qui simplifie la prise en main.
Au début de ma carrière, on appelait ça de la statistique (moins glamour que « IA », je le concède). Mais peu importe le terme : ChatGPT a réussi là où beaucoup d’autres patinaient — faire croire au grand public que la machine pouvait faire bien plus que quelques calculs. ChatGPT semble discourir, argumenter et produire des textes qui ont l’air « intelligents »
ChatGPT, analysons son nom de code
“Chat” : bavarder, pas think
Commençons par le plus évident : pourquoi « ChatGPT » ? Le mot « Chat » fait référence au bavardage (le chat en ligne). On est loin de l’idée du mignon petit félin, et encore plus d’un super cerveau à la Lucy (film de Luc Besson) qui, rappelons-le, accède aux secrets de l’univers. Sans parler de la confusion possible avec Lucie, cette autre IA française.
Ce choix n’a rien d’aléatoire. Il montre que la fonction première de l’outil, c’est d’échanger en langage naturel. ChatGPT veut simuler une conversation humaine et passer « la puce dans l’algorithme » (ou le test de Turing), pas devenir votre mentor philosophique ni votre Monsieur Capello personnel.
Mais attention : bavarder, ce n’est pas penser. On a tous un ami qui parle beaucoup sans dire grand-chose d’intelligent ou de vrai. ChatGPT, c’est un peu ce pote bavard. Il enchaîne les phrases, parfois brillamment, mais il n’a ni esprit critique ni compréhension réelle du monde. OpenAI aurait pu choisir un nom plus pompeux, du genre « ThinkGPT » ou « SmartGPT », mais non : le mot « Chat » est resté. Preuve qu’il ne s’agit que d’un outil de conversation.
Le G de GPT : Générative (pas Créative)
Le sigle GPT signifie Generative Pre-trained Transformer. Regardons d’abord le « G » : Générer n’est pas créer. ChatGPT produit des textes fluides, imite des styles, reformule des idées. Mais il ne « crée » rien au sens d’une invention inédite. La créativité naît parfois de la transgression, de la subjectivité, voire de nos petits ratés personnels. ChatGPT, lui, reste dans le rang. C’est un perroquet de luxe, pas un Picasso numérique.
Certains voient de la « créativité » parce qu’il peut écrire un poème ou générer une image (avec un outil annexe). Mais réfléchissons : est-ce vraiment nouveau ou juste une recombinaison de ce qu’il a déjà ingurgité ? ChatGPT ne fait qu’imiter, recoller et réarranger.
Le P de GPT : Pré… entraîné
Le « P » signifie Pre-trained. ChatGPT n’est pas né de nulle part : il a été entraîné sur des milliards, voire des milliers de milliards, de pages web. Il a pompé Wikipédia, des forums, des blogs, des articles de presse… pour apprendre à prédire la suite d’une phrase.
Petit scoop : sur Internet, il n’y a pas que des trésors de sagesse. On y trouve aussi des biais, des préjugés, des rumeurs et de la propagande. Logiquement, ChatGPT a tout absorbé. Même si OpenAI a tenté de filtrer et de pondérer les données, on n’élimine pas tous les risques.
D’ailleurs, de grands médias (comme le New York Times) refusent désormais que leurs contenus soient exploités par ces IA. Certains créateurs de contenu insèrent même des balises pour empêcher l’indexation. À l’inverse, on assiste à la prolifération de sites automatisés (plus de 1 150 !) qui publient des textes générés par IA, parfois bourrés de désinformation.
C’est ce qui explique les fameuses « hallucinations » de ChatGPT : il peut présenter des informations fausses comme si c’étaient des vérités indiscutables. J’ai d’ailleurs exploré ce phénomène dans mon article « Ne confiez pas aveuglément vos recherches à ChatGPT et Perplexity ! ». Une IA qui baratine avec aplomb, c’est un paradoxe assez saisissant.
Le T de GPT : Transformer
Le « T » renvoie à Transformer, une architecture de réseau de neurones popularisée par Google en 2017. L’idée : analyser en parallèle les relations entre les mots d’une phrase, plutôt que de lire linéairement. Ainsi, la machine comprend (ou du moins traite) le contexte et estime, à grand renfort de calculs, le mot le plus probable pour suivre la phrase.
Résultat : ChatGPT a l’air très cohérent, même quand il se trompe. Il ne cherche pas la vérité, un concept qui lui est étranger, mais la cohérence statistique.
L’intelligence artificielle : une intelligence… vraiment ?
Dès qu’on parle de ChatGPT, une question surgit : est-ce vraiment de l’intelligence ?
Certains diront que oui, puisqu’il résout des problèmes complexes, rédige des textes structurés et ne fait quasiment aucune faute. D’autres rappellent que l’intelligence humaine ne se limite pas à la logique : elle inclut la créativité, la conscience de soi, les émotions, l’intuition…
Selon Howard Gardner et ses théories des intelligences multiples, nous disposons d’une intelligence linguistique, logique-mathématique, spatiale, musicale, etc. ChatGPT brille dans l’intelligence linguistique de surface — et encore, c’est discutable, puisqu’il ne comprend pas vraiment ce qu’il dit.
En réalité, ChatGPT imite l’intelligence. Il enchaîne les phrases avec aisance, donnant l’illusion d’une pensée profonde. Or, écrire, ce n’est pas juste éviter les fautes. C’est aussi transmettre des émotions, des coups de gueule, de la mauvaise foi, des souvenirs. ChatGPT ne ressent rien, même quand son processeur surchauffe. Quand il parle de tristesse ou de joie, il reproduit simplement ce qu’il a vu ailleurs.
Vers un remplacement des humains avec ChatGPT ?
J’entends : « ChatGPT va remplacer les rédacteurs, les codeurs, les profs, les marketeurs évidemment et peut-être même les avocats ! » Comme à chaque révolution technologique, la peur du chômage rôde. L’histoire montre pourtant que les innovations transforment plus qu’elles ne suppriment les emplois.
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• Avec l’imprimerie, on n’a plus eu besoin de scribes pour recopier les textes. En contrepartie, de nouveaux métiers (éditeurs, imprimeurs, correcteurs…) sont apparus.
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• Les caisses automatiques n’ont pas signé l’arrêt de mort de toutes les caissières. Elles ont fait évoluer le métier en libérant du temps pour d’autres tâches comme la relation client.
Avec ChatGPT, le monde du travail va changer, c’est certain. La rédaction d’un article ou d’un mail se fait plus vite, mais le jugement humain reste indispensable pour vérifier l’exactitude, la pertinence et la touche personnelle. Les développeurs gagneront du temps grâce à ChatGPT pour déboguer ou générer des bouts de code, mais ils devront toujours comprendre la logique métier et l’architecture globale.
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ChatGPT, OVNI ou marteau high-tech ?
Alors, ChatGPT : un OVNI prêt à coloniser la planète ou un simple marteau high-tech ? La vérité, comme souvent, se situe entre les deux.
ChatGPT symbolise une nouvelle ère où machines et humains collaborent presque sans couture. Mais il faut se rappeler que c’est un outil, pas un cerveau. Et comme tout outil, il peut construire une maison ou détruire une fenêtre, selon la main qui le tient.
« Avec un marteau, on peut bâtir un abri ou casser la vaisselle. »
Avec ChatGPT, même principe. Dans les mains d’un créatif, c’est un amplificateur de productivité et d’idées. Dans celles d’un “Iron Man” délégant 100 % de son cerveau, c’est le risque de voir sa pensée s’appauvrir. Du côté des “Astérix” qui repoussent toute innovation, il y a un risque de passer à côté d’opportunités.
C’est pour ça que j’aime la posture des Centaures : intégrer l’IA dans son quotidien, tout en conservant son esprit critique. Un Centaure sait vérifier la fiabilité des réponses et tirer parti de la machine sans en devenir l’esclave.
ChatGPT, c’est un outil non intelligent (il ne ressent ni ne comprend), mais redoutablement efficace pour manier les mots et donner l’illusion de la réflexion. À nous de l’employer avec prudence, et pourquoi pas avec un zeste d’ironie, pour ne pas confondre un perroquet virtuel avec un Einstein numérique.
Alors, OVNI ou marteau de luxe ? À vous de coller l’étiquette qui vous plaît, en gardant à l’esprit que la vraie intelligence — celle qui doute, qui ressent et qui crée — reste l’apanage des humains. Dans ce monde où la frontière entre l’artificiel et l’humain se brouille peu à peu, il reste sage de préserver cette part de mystère et d’humanité qui nous échappe encore.
En fin de compte, ChatGPT demeure l’IA du moment, mais il ne gardera la vedette que tant que nous, humains, continuerons à le nourrir, à le questionner et à l’explorer. Restons curieux, restons critiques, et n’oublions pas que dans ce tango homme-machine, c’est encore nous qui menons la danse — du moins, tant qu’on ne jette pas les rênes aux ordinateurs.
Iron Man, Astérix ou Centaure : à vous de choisir votre clan, mais faites-le en connaissance de cause, plutôt que de laisser la machine réfléchir — ou faire semblant de réfléchir — à votre place.
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FAQ : ChatGPT, l’OVNI (Outil Virtuel Non Intelligent) de l’IA !
ChatGPT est-il vraiment intelligent ?
Non, il ne comprend pas ce qu’il dit. Il génère du texte en calculant les probabilités des mots qui doivent suivre, sans logique ni esprit critique. Il peut donner l’illusion de l’intelligence, mais il n’a ni raisonnement propre ni conscience.
Que veut dire ChatGPT ?
« Chat » signifie bavarder, pas réfléchir. « GPT » pour Generative Pre-trained Transformer indique qu’il génère du texte à partir d’un entraînement préalable. Ce n’est donc pas une IA qui pense, mais un modèle qui recompose du langage en imitant ce qu’il a ingurgité.