Interview de Jean Baptiste Delame pour le livre 'L'IA au service du marketing'
En achetant le livre 'L'IA au service du marketing', vous aurez accès à des ressources complémentaires (interviews et prompts). Voici l'interview de Jean Baptiste Delame ....
Comment utilisez-vous l'intelligence artificielle dans votre métier de SEO ?
Jean Baptiste Delame : Laissez-moi vous dresser le tableau de mon espace de travail. Trois écrans composent mon environnement immédiat, et l'un d'entre eux est réservé à ChatGPT. Loin d'être un luxe, ce choix est un impératif qui met en lumière l'importance de l'IA dans mon travail.
Ce qui est absolument fascinant, c'est que l'IA me confère la maîtrise de presque l'intégralité des trois piliers du SEO : la sémantique, la technique et le netlinking, sans avoir à être un expert technique. Avoir un écran dédié à ChatGPT est donc plus qu'une commodité ; c'est une nécessité pour accueillir un assistant augmenté à mes côtés. Cela amplifie non seulement mon efficacité dans la gestion de mes tickets et mes communications avec les clients, mais me rend également plus perspicace dans la compréhension des nuances subtiles du SEO.
Par exemple, pour des tâches aussi routinières que le filtrage de mots-clés ou la manipulation d'expressions régulières, l'IA agit comme un assistant personnel expert. Elle me permet de créer des expressions sur mesure pour viser des mots-clés spécifiques en un temps record, transformant ce qui serait une tâche ardue en une manœuvre facile.
En ce qui concerne le contenu web, l'IA sert à générer des données structurées, rendant mes pages non seulement plus attractives, mais aussi plus fonctionnelles pour les moteurs de recherche. C'est une accélération bienvenue dans un processus qui serait autrement laborieux.
Enfin, lorsque je dois comprendre les méandres du code des sites, je consulte mon assistant IA pour décrypter les complexités. Si je découvre que certaines balises JavaScript alourdissent mes pages, je m'en remets à l'IA pour évaluer leur utilité et leur caractère indispensable ou non.
Même si l'IA n'est pas enchevêtrée dans mon workflow de manière continue, elle se révèle être un allié précieux pour des tâches spécifiques, me fournissant des solutions rapides et fiables.
Comment ChatGPT affecte-t-il l'efficacité de votre travail, notamment en termes de temps et de qualité ?
Jean Baptiste Delame : L'incorporation de ChatGPT dans notre flux de travail a représenté une révolution silencieuse mais profonde. Oui, nous avons divisé notre temps de travail par deux pour certaines tâches ! Mais permettez-moi de vous raconter l'avant-scène : nous avons initialement investi du temps pour concevoir des prompts en collaboration avec l'équipe. Le gain de temps est impressionnant, spécialement lorsque OpenAI a jouté la fonction 'Code Interpreter' qui nous permet d'économiser un temps parfois assez hallucinant. Quant à la qualité, elle doit être envisagée dans une optique nuancée. ChatGPT brille dans des domaines tels que l'explication du code et la génération de données structurées.
Cependant, un bémol doit être noté. Si vous engagez cette IA dans la génération de contenu sans y intégrer la profondeur que seule votre expertise et expérience humaines peuvent apporter, vous risquez de vous retrouver dans une situation délicate, voire une déclassification sur Google. Ainsi, la qualité est non seulement conditionnelle, mais elle dépend aussi fortement de notre capacité à cerner et respecter les limites de cette technologie.
Je constate que certains de tes confrères optent pour une automatisation totale de leurs sites. Pouvez-vous partager votre vision sur l'efficacité de ce choix ?
Jean Baptiste Delame : Ce que nous avons découvert, c'est que la séduction de l'automatisation complète est indéniable, mais elle présente des écueils souvent sous-estimés. Sur une année d'expérimentation, nous avons tenté de faire fonctionner différents modèles, de la relance de domaines expirés à des sites neufs. Le verdict est sans appel : 100% des sites automatisés se sont ‘crachés’. L'automatisation totale sacrifie des nuances essentielles, telles que la recherche de mots-clés vraiment ciblée et le maillage interne.
Mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Nous avons développé un workflow hybride qui intègre des outils automatisés pour le repérage des tendances, mais laisse la place à une dernière touche humaine pour les ajustements, notamment le maillage interne et la création de contenu enrichi.
En bref, un certain degré d'automatisation peut être bénéfique, mais il devrait servir de catalyseur à l'expertise humaine plutôt que de la remplacer. Le concept d'automatisation complète est séduisant, mais dans le monde actuel où Google privilégie expertise, autorité et confiance, une touche humaine est non seulement souhaitable, mais nécessaire.
J'ai l'impression que Google semble se positionner de manière agressive contre les automatisations, visant à pénaliser ceux qui en font usage excessif. Pensez-vous que cette initiative menace la valeur intrinsèque du contenu original ? Et comment gérez-vous le risque que vos contenus soient aspirés par des IA, comme ChatGPT ou Google, réduisant ainsi notre valeur ajoutée en temps que créateur ?
Jean Baptiste Delame : Vous touchez un point névralgique. D'une part, Google a tout intérêt à pénaliser des sites trop automatisés qui ne fournissent pas une réelle valeur ajoutée. Cependant, l'ironie est palpable, car ces mêmes géants technologiques utilisent de plus en plus l'intelligence artificielle pour générer du contenu. Pour moi, la véritable menace réside dans la possibilité que ces IA puissent scraper le contenu de mes sites ou de ceux de mes clients, puis utiliser ces données pour générer leur propre contenu, sans même créditer la source originale. C'est un dilemme que nous prenons très au sérieux, allant jusqu'à envisager des mesures comme le blocage des crawlers de certains outils via le fichier robots.txt pour protéger la valeur de notre contenu. La démocratisation de l'IA soulève des questions éthiques et pratiques complexes. Bien que ces outils puissent apporter une valeur ajoutée en termes d'efficacité et de personnalisation, ils posent également un risque substantiel de dilution de la valeur du contenu original. C'est une préoccupation majeure !
Etes vous inquiet pour l’avenir ?
Je n’ai pas peur de l’avenir. Les métiers dans le domaine du numérique ont constamment évolué et se sont adaptés à de nouvelles réalités. Oui, l'IA pourrait bien changer la manière dont nous interagissons avec l'information, mais cela ne signifie pas la fin de métiers comme le nôtre. Si Google change radicalement sa façon de présenter les résultats, nous devrons simplement nous adapter. La réinvention professionnelle est presque une seconde nature pour ceux d'entre nous dans le domaine du numérique, surtout dans le SEO où l'adaptabilité est une compétence clé. Nous avançons tous plus ou moins dans le flou, mais au bout du compte, le chef d'orchestre de cet écosystème numérique complexe est Google. Son business model repose en grande partie sur le trafic Web, et tant que c'est le cas, nos compétences et notre expertise resteront pertinentes.
Ce qui m'inquiète davantage, ce sont les utilisations déviantes de la technologie. Du deepfake en passant par les campagnes de désinformation massive, l'IA peut être un outil d'exploitation et de chaos. Les outils pour perpétrer de tels actes existaient déjà, mais l'IA les rend plus puissants, plus efficaces.